Le Tartuffe

Un spectacle des Comédiens de la Tour
1989

Ah ! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme

Distribution

Avec (par ordre d’entrée en scène) :

  • Mme Pernelle : Sophie Abribat
  • Elmire : Béatrice Lateur puis Elisabeth Falce
  • Damis : Richard Lakatos
  • Flipote : Anne Zeutzius puis Myriam Gerbaud
  • Mariane : Elisabeth Piron
  • Cléante : Philippe Prévost
  • Dorine : Yvette Ernault
  • Orgon : Pierre Corveaule
    Valère : Alain Guillon
  • Tartuffe : Pascal Lévêque
  • Mr Loyal : Daniel Montagu
  • L’Exempt : Myriam Gerbaud

Mise en scène : Pierre Blanchet assisté de Sylvie Langlois

Régie son et lumière : Jean-Paul Naudin et Hervé Bierjon

Décors : Pierre Corveaule

Costumes : Béatrice Lateur aidée de Marcelle Corveaule, Sophie Abribat, Marie-Thérèse Lakatos, Annie Guillon, Michèle Dupeu, Lucille Zeutzius et Daniel Montagu

Coiffures et maquillages : L’Atelier A de Poissy

Nos sélections
  • Rencontres théâtrales de Bailly – 22 avril 1989
L'histoire

Mêlé aux troubles de la Fronde, Orgon a soutenu le Roi mais  a aussi aidé un ami malheureux du parti adverse. Resté veuf avec un fils, Damis, et une fille, Mariane, il s’est remarié avec une femme plus jeune, Elmire.

En accueillant chez lui un dévot de profession, Tartuffe, dont l’attitude anti-mondaine et la personne le séduisent, Orgon a semé la division dans sa maison.

Le trio dévot – Orgon, sa mère Madame Pernelle et Tartuffe – animé de passions diverses, s’oppose au reste de la famille, avec ses projets de bonne vue, de bon mariage, de défense du patrimoine.

La pièce

Dans la préface de la première édition de son « Tartuffe ou l’Imposteur », Molière affirme catégoriquement qu’afin d’éviter toute ressemblance entre son personnage et un vrai dévot, il a mis « tout l’art et tous les soins qui a été possible pour bien distinguer l’un et l’autre. J’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat. Il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance ; on le connaît d’abord aux marques que je lui donne : et d’un bout à l’autre il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme et ne fasse échapper celui du véritable homme de bien que je lui oppose ».
La psychologie d’aucun personnage ne devrait donc prêter à moins de discussions que celle de Tartuffe. Alors comment expliquer cependant, que certaines interprétations de Tartuffe aient pu s’éloigner parfois si paradoxalement des voies tracées par Molière ?
En fait, le personnage de Tartuffe peut s’expliquer par rapport à trois autres personnages ou groupe de personnages qui ne le voient pas de la même façon. Il y a d’abord le groupe hostile, celui qui juge Tartuffe tel que Molière nous dit l’avoir conçu, et à qui les évènements donnent entièrement raison. Il y a à sa tête Dorine, qui dès la première scène dénonce l’hypocrisie du personnage et nous en trace un portrait physique répugnant malgré le confort du costume. Damis et Cléante partagent ses vues. En face, il y a le groupe fervent qui comprend Madame Pernelle et son fils. Comment expliquer leur aveuglement si tartuffe est aussi visiblement un imposteur que l’affirme Dorine ?
Enfin, il est indiscutable qu’Elmire, sans accepter la naïve confiance témoignée par son mari Orgon, n’éprouve pas à l’égard de leur hôte la même répulsion que Dorine. Lors de la scène où Orgon, sous la table, laisse à Tartuffe le temps de développer périlleusement ses tentatives de séduction sur Elmire, celle-ci en veut plus à la lâcheté de cœur de son mari qu’au grossier soupirant, et elle éprouve curieusement le besoin de s’excuser auprès de Tartuffe de l’épreuve à laquelle elle a dû le soumettre. L’interprète du rôle de Tartuffe se sent donc obligé de concilier ces différents points de vue, de les rendre tour à tour vraisemblables, et il doit tendre à épouser tantôt l’opinion de Dorine, tantôt celle d’Orgon, tantôt celle d’Elmire.
Les nuances existent mais sont non seulement celles que cet homme diabolique introduit dans ses moyens d’action : il use de souplesse, mais nul n’est moins souple que lui. Il est mû par une seule force : l’ambition à vrai dire médiocre et vulgaire, ne visant qu’à la possession naïve des richesses et de leur symbole le plus élémentaire : une jolie femme ; mais une ambition qui trouve néanmoins une sorte de grandeur par l’étonnante et inébranlable confiance de Tartuffe en la puissance absolue de sa fourberie.
Le Tartuffe est le chef-d’œuvre de Molière.

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